• Et tandis que je file mes lignes dans une gouleyante nostalgie,je jette un œil sur les siennes,bouquet aux fragrances rares .Ah si çà continue je vais faire une overdose,cette fameuse dose de trop qui en fait un poison. 

    Dehors une nouvelle rose vient d'éclater,tout d'abord j'avais cru à un papier volant,qui sait une liste de course,un billet doux ...échappés d'un cloaque,poubelle secouée dans une benne à ordure ?Puis tandis que je balayais du regard la rue calme,une nouvelle rafale de pétales m'accrochait l'œil .J'ai suspendu mon pianotage,me suis mis à la fenêtre;les dernières roses ont succombé aux assauts du vent d'ouest.Novembre à pris ses quartiers d'hiver .

    Il faut que je raccroche les wagons,que je retrouve mon itinéraire buissonnier .C'est là que je me suis construit à travers les champs et les bois .Tout était à apprendre sans intermédiaire,sans compte à rendre ,sans regard suspendu par dessus l'épaule.J'ai pataugé dans les prairies ,surpris la grenouille ,dérangé ,la salamandre ou l'orvet ,fait fuir le merle et le geai .Et puis je le confesse fait fumer le crapaud et écrasé sans indulgence l'escargot sourd à mes demandes ;"escargot ouvre tes cornes ou je te tue"!J'ai sans vergogne plié le noisetier ,taillé le si odorant troène,et fauché la fougère aigle souvent plus haute que moi,pour une éphémère cabane .J'ai tracé des chemins dans les ronciers,mollets et avant bras griffés,j'ai escaladé de vénérables chênes,me suis rétamé,cassé un bras ,une jambe et bien cogné ma tête de bois . Oui j'ai connu cette liberté de mouvement,dont j'usais et abusais en toute innocence,avec pour seules limites la fatigue et l'amour inconditionnel pour ma mère;liberté si commune dans ces années là,bien avant cette surenchère sécuritaire ;il y avait bien eu un chauffeur de taxi assassiné par un marin sans doute aviné ,la-bas,à la Villeneuve et un enfant en bas âge disparu,dont on avait supposé qu'il fit le repas d'un verrat jaloux (cela fait partie des légendes colportées dans les campagnes),mais cela n'entamait pas cette hardiesse qu'ont les enfants fugueurs . 

     


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  • Ah, comme il me parle des choses si naturelles de ma jeune vie avec tellement plus d'acuité que je ne saurais le faire.Les odeurs,dans notre mémoire quasi inaltérables,si banales dans  notre enfance dont il voudrait que l'on ne s'occupât de traduire en termes scientifiques.Que l'on aille étudier trop scrupuleusement et nous priver de la fraîcheur d'une première rencontre olfactive (je n'oublierai jamais ces œillets sauvages à Gavarnie).Je l'imagine là ("au pied des falaises volcaniques noires ,à l'ombre de l'Helgafell")(ce sont ses mots)avec ses mots qui collent si bien à une réalité qui fut mienne ;battre la campagne avec mon frère,curieux de tout,témoins d'une époque révolue.L'étang de la Villeneuve aujourd'hui à demi absorbé par la laîche et même si la reine des près,la salicaire ou l'épilobe hirsute viennent le courtiser,je ne peux oublier cette "mare au diable" qu'il était à mes yeux d'incorrigible vadrouilleur.Nappe sombre où le goujon venait encore taquiner le pêcheur en herbe,gonflée par nombre de  ruisseaux chahuteurs, nurseries de truitelles,toboggans à vairons bigarrés,clignotants aquatiques sous les rayons solaires.


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  • Un vrai, un pur ,un dur ,j'irais jusqu'à dire un tatoué tant il a l'encre dans la peau .Son nom :Hugh MacDiarmid.Ça déchire tout:le délicat galuchat des cocottes parfumées à l'eau de rose,et le vieux cuir des maquereaux de l'édition,exhalant le remugle .

    Ici ce n'est pas la soupe populaire,il le dit lui-même plutôt crever de faim que de la servir .Si tu prends place à table,affamé ou simplement poussé par un boyau chanteur,désireux de participer au repas,alors il te faudra trouver des couverts,une fourchette, peu importe quelle soit en argent ou en "cochonium"(c'est le mot d'un collègue soudeur)et un couteau digne de ce nom,pour piquer,couper en fins morceaux,car rien n'est rôti,tout est cru .Si tu t'avances dans le sillon ,tu en prendras de la graine,dans ton cerveau gras ou ton cœur sec,elle sera bonne, peut-être  mauvaise selon tes croyances ou ton irréductible scepticisme.Mais nom de dieu il t'aura secoué la paillasse.Il me fallait ce coup de pied au cul,cela faisait bien trois mois  que je n'avais pas vraiment ressenti une telle émotion,depuis"Mort à crédit"(que je peine d'ailleurs à terminer.Moi le gamin boulimique ,lisant jusqu'à trois bouquins par jour (ma mère m'arrachait à mes lectures) devenu lâcheur de la couverture cartonnée,de la préface et de l'exergue au profit des feuillets noircissant du très "poétique"Paris- Turf.) a je l'avoue culpabilisé ,puis songeant à Rimbaud ce génie fulgurant qui délaissa le monde cruel de la poésie pour une vie trop prosaïque qui hélas eu raison de lui ,je  pouvais bien,modeste tâcheron, moi aussi me lancer sans vergogne dans un paradis artificiel.Heureusement je n'en suis pas encore(je l'espère)à l'épilogue ,ce qui anima ma jeunesse ne m'a pas quitté .Mais revenons si j'ose dire à nos moutons écossais ."Un enterrement dans une île",texte qui est aussi le titre un peu révélateur du recueil ;Un enterrement dans une île cela devrait être d'un ennui mortel...si ce n'était un prétexte à une certaine nostalgie. Un monde où s'agrippent encore quelques indéracinables,gardiens des traditions,purs joyaux, que la vie simple,mais sûrement pas facile,a taillé dans le roc .


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  • ,Klee dont Valério Toninelli ,un artiste, peintre et sculpteur mit en exergue cette déclaration:"L'art ne montre pas le visible ,mais rend visible ce qui ne l'est pas".C'est ce que j'ai pu lire.Mais n'est-ce pas la fonction même de l'allégorie ?Peut-être me trompe-je ...il me semble que la peinture abstraite est une évidente confiscation de l'image !Le négatif ayant horreur de la lumière,il nécessite tout un travestissement ,qui poussé au paroxysme fini par susciter le doute sur la démarche artistique et la supercherie est vite évoquée chez de nombreux profanes .Avant de mettre l'art en question ,je mettrais l'artiste(peintre,plasticien ) lui-même sur la sellette ...sensible ,libertaire ,écorché vif ...cela suffit-il à faire de son petit monde un univers d'émotions transmissibles ?Si l'homme rencontre l'art comme il rencontre Dieu alors ...laissons les succès apocryphes pendre dans les galeries mercantiles .Matisse ...J'interroge Andi (bien que mon savoir ne soit pas vraiment beaucoup plus grand que le sien) sur les noms qu'éventuellement il connaîtrait .Cela l'ennui .Je déniche un ouvrage qui me semble indiqué pour susciter la curiosité de Lorens le plus jeune :Le Douanier Rousseau .Je feuillette les pages glacées avec la certitude qu'il aimera la peinture naïve du grand Henri .L'innocence de l'un rencontrerait celle de l'autre .Pfff...Son aîné a jeté son dévolu sur un bouquin relatant la résistance des Sioux.Tous deux installés confortablement sur un fauteuil de cuir se disputent la prise en main de l'ouvrage.La hiérarchie se respecte ,mais le petit "l'aide" à tourner les pages et je dois intervenir afin que cela ne tourne pas au massacre de "Little Bighorn".Quelques photos ,une carte nous les situant (Dakota du sud)C'est avec sur la couverte un nom connu :Jim Harrison(dont j'avais lu après avoir entendu Nathalie Baye en parler(oui cela paraît étrange),le roman :Dalva.) voila tout ce que je verrais de ce livre sûrement à découvrir .Me mettant à la recherche de  ma lectrice,je fais un crochet vers l'incontournable "kiosque" des poètes.Un homme recherche des recueils ayant pour thème la mer .Le jeune homme en charge(mais en est-ce vraiment une?)de ces petits trésors l'informe qu'il n'y en a pas .Je balaie du regard la table où les squelettiques(et oui ,les peintres et autres photographes vivent dans l'opulence;grand format,et pesant d'ors,tandis que les poètes sont édités en portions congrues et trop modestes.Mais il vrai qu'il est difficile de poser un pavé sur son cœur,alors en porte feuilles ces recueils trouvent naturellement leur place) ouvrages attendant qu'une main  les enveloppe."un enterrement dans l'île "tel est le titre pour le moins intrigant de celui qui m'a accroché l'œil.Les premières lignes lues me font rire(ce qui est rare dans un poème ).Je lis maintenant à l'intérieur de la jaquette  la petite présentation de l'auteur et m'aventure plus avant dans la lecture...je ne ris plus ,je suis conquis .Je n'ai pas le choix,je n'ai plus le choix,ce petit livre s'impose ou plutôt non je l'adopte .Déjà je le câline .


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  • Comment un rituel cadeau d'anniversaire m'a conduit à la librairie "Dialogues"....Tandis que Mariza Jane sûre de son titre(Les cinq étoiles s'éteignent à l'aube) se met avec enthousiasme  à sa recherche,le cadet de mes petits fils m'entraîne avec son frère vers des rayonnages dédiés aux "grands" livres.Nous nous attardons devant les livres glorifiant les artistes peintres.Passent en revue :Le si grand et si vénéré Picasso dont l'image fut ,loin du papier glacé des magazines,revue et corrigée dans la biographie de son ami Apollinaire par un négatif révélateur sinon de sa lâcheté ,de son égoïsme à l'échelle du talent qu'on lui prête.Guillaume Apollinaire en faveur du quel non seulement il ne témoigna pas,mais lors de son incarcération ne lui fit aucune visite.Que dire de sa discrétion lors de l'embarquement funeste de Max Jacob avec qui pourtant il partagea la galère au bateau lavoir.

     


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