• Ha ha ha ce que je peux être con !Une semaine passée sans la moindre brûlure ...pas une alerte!Mais ce soir je vais danser comme un beau diable .La fièvre du samedi soir ,non pas à me tortiller ,mais à me tordre!Une douleur comme j'en ai connue qu'une fois dans ma vie,après une infiltration dans l'épaule,mais encore celle-là ne dura t-elle pas comme la scélérate qui me porte cette nuit aux enfers.Une main de fer me compresse le poumon droit ,le réduit en une boule si dense ...J'ai l'impression que tout mon corps se réduit là dans une douleur magnétique .Ah je regrette cette putain de morphine,cette fille de joie,qui saurait encore me donner du bonheur.Elle m'a laissé tomber et je suis haletant,presque hébété,incrédule ...ce brutal retour de manivelle dans le moteur !Tout mouvement m'arrache le flanc comme une escalope chez le boucher.Je dois me hisser sur les coudes pour tourner d'un bord à l'autre sans trouver la position idéale .A plat ,tête sur l'oreiller,jambes pliées ou étiré de tout mon long,rien n'y fait .Cette saloperie de crampe me taraude .Finalement j'opte pour le dos à plat et oreiller bien calé sous la nuque .Trouver une échappatoire...Purple rain ,purple rain ,cet air omniprésent depuis la disparition brutale de "Prince",comme un leitmotiv s'insinue dans mon cerveau, qui d'office oblitère le ticket.En route pour un délire ...j'aimerais faire parler la poudre ...et dormir,dormir comme un bébé . Dans ma tête les mots balancent ,j'écris le plus beau des poèmes ;peut-être aussi le plus cruel.Je pense à ces patients hurlants dans une tempête de draps blancs,souffrant, à agonir de reproches quiconque les veille pourtant dans l'agonie et que seule une injection intelligente aurait conduits dans la dignité jusqu'à l'ultime porte.Purple rain ,purple rain ...


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  • Nous sommes lundi ,il fait beau et je sors cet après midi .La tension est bonne ,la température normale,et si ce n'est un peu de fébrilité après quatre jours de quasi alitement,j'ai une forme étonnante après une opération de ce genre .La seule chose qui me chagrine c'est le cathéter encore figé sur le dos de ma main droite bleue comme un steak .On frappe à la porte ,une femme m'appelle pour une ultime radio de contrôle.Je ne saisis pas tout de suite que je dois la suivre,les derniers clichés ayant été tirés à même le lit .Je finis par la suivre .

    "vous m'attendiez" lui dis-je .

    "Oui suivez-moi"me dit-elle.

    Une dernière fois je pose mon torse nu sur la plaque froide,je bloque ma respiration,çà y est .La manipulatrice fait une lecture sur un écran.

    "C'est bon" me dit-elle

    Je me rhabille.

    "Vous arriverez à remonter par l'escalier"?

     

    "Oui çà ira"

     

    Je ne suis pas du genre à me laisser aller.Combien de batailles gagnées contre moi-même,l'adversité ne m'a jamais fait peur .La maladie vaincue,la tabagie éteinte,les tripes raclées.Jamais baissé les bras,la hargne amie fidèle me bottant le cul .Nul obstacle que je ne vainquis,courageux et froid.J'ai tracé ma vie comme une sente ,à coups francs dans la jungle.Un seul but ,le bonheur !J'ai donné des coups j'en ai reçus.Debout toujours ,quelques fois avec des béquilles bien sûr,mais confiant .Aujourd'hui pourtant je crains le combat inégal et l'inexorabilité de la cause à effet .Combien de temps encore serai-je dans ce bouillon amer dans lequel je surnage depuis la mi-mars ?Depuis le quinze mars exactement !Les ides me seront me seront-elles favorables ,moi qui sans être "hygiéniste"n'ai jamais franchi le Rubicon?

     

    Je regagne ma chambre et revêt mon jean,un T shirt frais .Dans les starting block j'attends la signature des papiers de sortie.J'attendrai un certain temps!Treize heures trente ,ma femme patiente avec moi .L'infirmière de service nous informe:"les papiers de sortie vont être signés sans tarder par le chirurgien".Dans le milieu médical la notion du temps est plus que galvaudée,deux minutes n'ont de limite que notre exaspération .Une heure plus tard bagages faits,je me présente à la "réception"du service .J'entends l'infirmière papoter avec un collègue...Je reste poli ,je ne l'interpelle pas et pourtant ...elle finit par arriver .

    "Vous pouvez passer au secrétariat du Dr S...tout est en ordre ".

    "Merci au revoir" lui dis-je.

    La secrétaire du Dr S ...m'accueille avec son sourire habituel,du moins celui que je lui connais .

    "L e Dr Z...est en vacance cette semaine" .

    Un rendez-vous est donc fixé pour le six juin .Elle me remet une ordonnance,une prescription pour du doliprane .

    "Vous ne voulez pas un autre médicament?"m'interroge t-elle.

    "Non" lui dis-je(je n'ai aucune douleur) .

     

    Elle me remet un petit carton ;rendez-vous avec le chirurgien le 23 juin à 14h.

    "Au revoir et bon courage monsieur ".

    "Oh ne vous inquiétez pas .Je ne vais pas me laisser aller.Au revoir ".

     

    ."


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  • Coucou revoilà l'infirmière pleine d'autorité et de malice qui m'accueillit à mon entrée mercredi dernier.

    "Alors monsieur l'h...comment allez vous"?

    "Bien,mais j'aimerais savoir quand vous me débarrassez de ce dispositif "?.J'en ai franchement marre de ces tuyaux"!"Le Dr Sa...m'a donné le feu vert pour une sortie lundi après midi .

    "Avant de retirer le drain (il pend à l'extérieur de mon pectoral droit)il ne faut plus de trace de sang dans le bocal".

    Je ne veux pas trépigner devant elle,mais ma patience est proche de la rupture.Un premier pas vers un soulagement total,elle retire le tuyau d'oxygène qui m'obstrue partiellement les narines .

    "Pour le reste je vois avec le chirurgien"me dit-elle.

    Passe l'après midi,vers six heures alors que ma femme et ma fille me tiennent compagnie,elle entre . Eh bien voilà nous y sommes,la délivrance tant attendue va être pratiquée.Je dis bien pratiquée car la suite va me ravir .

    "Mesdames si vous voulez bien sortir s'il vous plaît ".Quand elle me dit :"j'aurai besoin de l'aide de ma collègue",je ne m'inquiète pas plus que çà.La collègue tarde ,j'aimerais qu'elle s'active un peu.Enfin la voilà.

    "Respirez un bon coup"me dit la petite marrante.

    A quatre mains, en un temps qui me paraît une éternité elles extraient,non sans que je râle un peu,une longueur que je n'aurais su imaginer.Ouf ...je respire de soulagement ,mais bonjour la délicatesse.Celle qui dirige la manœuvre m'informe que la plaie est trop large et nécessite la pose d'agrafes.Oh nooooon .S'adressant à sa collègue!"Il aurait pu faire une ouverture plus petite"dit-elle à propos du chirurgien .Il n'a pas du pouvoir faire autrement "lui réplique t-elle(çà sent l'allégeance au patron)."D'habitude c'est moins large insiste la première .Elles s'éclipsent quelques instants et reviennent avec le matériel adéquat.

    "Deux trois agrafes ...et c'est fini "me dit avec aplomb la "maîtresse"de cérémonie.

    A la première je suis renseigné sur la douleur,avant la deuxième j'appréhende déjà,et à la troisième je pousse un aaaah de réprobation ."Bon on va vous donner un comprimé de morphine".Gentille attention ,je ne suis pas un veau tout de même.L'infirmière appelée à l'aide fait l'aller retour et me donne à sucer une pastille .Sans attendre le supplice reprend émaillé de ah et de han.Une ,deux ,trois ...

    "Oh vous n'allez pas vous évanouir"!

    "Non ,non "

    La sueur à mon front comme un vin de vigueur...Sept ,huit, neuf ...finalement treize agrafes viennent rapprocher les lèvres des trois plaies me marquant le flanc droit.

    "Faisons une pose"me dit ma gentille "tortionnaire".

    Son aide s'en va .Après ce morceau de bravoure,reste à retirer la sonde urinaire .Là encore la jouissance est intense.La sortie en plusieurs temps m'indique le degré d'intrusion de ce maudit tuyau et la brûlure que m'inflige son retrait est à la mesure de la première .Tandis que mon pénis endolori et sanguinolent déclasse déjà ma virilité,sans complexe, mater dolorosa me dit :"je vais vous chercher une couche".Sitôt dit, sitôt fait ,me voilà en pleine régression.

    "Bon maintenant que vous m'avez dévoilé votre intimité,nous n'allons pas faire de manières"me dit-elle me lançant un clin d'œil.Puis pour enfoncer le clou elle me parle de ma "petite bedaine".(il est vrai que je suis relâché de puis l'opération).Devant mon air contrit elle se rattrape "J'en parle sans complexe.j'en ai une moi aussi" . Oh là mon pauvre Gilbert tu en prends une claque coco .Cinq jours dans cette cage et te voilà transformé en "vilain petit canard".Bon tu ne vas pas jouer les Caliméro!Mais merde ...ma dignité en prend un sérieux coup !Vivement demain que je m'arrache!


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  • Un long dimanche ,très long dimanche que ce dimanche .Les beaux dimanches ont fait long feu;ceux de mon enfance où accompagné de mes frères et sœurs ,savonnés comme à l'habitude(notre mère veillait à notre parfaite toilette),mais "habillés",nous nous rendions à la grand messe .Non pas que nous fussions d'une grande piété,mais nous savions y croiser une tante de notre mère,qui sans être une grenouille de bénitier,était une fidèle parmi les fidèles .Ce qui pour nous avait un avantage non négligeable,nous étions certains, le jour du seigneur de la trouver et ainsi bénéficier d'une récompense sonnante et trébuchante(de quoi nous satisfaire en sucrerie ,mais guère plus) à notre courageuse "matinalité" .Mais dieu si j'ose dire ,que ce jour me devint au fil des années le jour le plus morne,le jour le plus amer et le plus chiant .Souvent pourtant lorsqu'une belle rencontre pour lui se portait caution j'aurais aimé qu'il s'éternise ...mais coincé entre le "meilleur et le pire",souvent débordé par son joyeux et imposant prédécesseur et hypothéqué par le spectre du redouté lundi,comment lui accorder la légitimité?

     

    Le train train habituel roule sans anicroche.Mais l'appareillage commence à me gonfler sérieusement .A quand ma liberté de mouvements ?J'en fais part aux aides soignantes du jour qui viennent d'entrer ,une brunette non dénuée de charme qui me chambre un peu et sa collègue un peu ronde qui fredonne complice .Je table sur ma sortie le lendemain,elles me taquinent encore,ce que je ne déteste pas.La chanteuse commence ma toilette et me passe le gant ...Le contact des parties intimes lui couperait -il le sifflet ?

     

    Toujours est-il que je maintiens mes dires,je sortirai demain ."Le lundi est mon jour de repos "me dit l'une d'entre elle .C'est le cas également pour sa collègue ."Vous verrez bien" leur dis-je ,"mardi vous ne me retrouverez pas".Elles s'amusent encore ,vu mon état je peux les comprendre .Ou est le fringant sexagénaire,torse bombé et mine fière ?

     


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  • Nous sommes vendredi ...ou peut-être samedi ,ma mémoire amie plus que fidèle navigue encore dans les méandres vaporeux de l'anesthésie maintenant alimentés par la pompe à morphine.Une jeune infirmière blonde entre ."bonjour monsieur ,je dois vous faire une injection anti phlébite.Vous préférez le ventre ou la cuisse" ?Des piqûres dans différentes parties du corps y compris dans l'œil n'ont jamais percé à jour ma répulsion pour elles ,mais dans le ventre... comme j'ai le choix ; la cuisse me paraît moins sensible.La jolie blonde a pris congé.A nouveau la porte s'ouvre."Bonjour,pour le petit déjeuner,vous préférez thé ou café ,pain ou biscottes"se renseigne une dame avec un large sourire .-"café s'il vous plaît avec du pain,mais pas de beurre(j'ai une aversion pour le beurre cru,qui me vient de ma petite enfance).Je n'attends pas un quart d'heure, qu'elle me sert une belle tasse de café ,deux morceaux de pain,deux godets de confiture à l'abricot et un jus d'orange .Je ne boude pas mon plaisir,je n'ai pas mangé depuis mercredi soir.Les festivités continuent ,ici c'est kermesse et flonflon:la tension ,la température,le remplacement du flacon de glucose ,la vidange de la poche d'urine ,une radio des poumons etc ...Enguirlandé comme je suis,pas question de prendre une douche,aussi une aide soignante(un œil à Paris et l'autre à Moscou que des vers correcteurs n'arrivent pas à réconcilier complètement)me fait au gant la toilette intégrale .Puis je patiente dans un fauteuil le temps qu' aidée de sa collègue elle change les draps . La télé est allumée ... L'heure importe peu...le chirurgien est là.Il me rend compte de son acte:"finalement j'ai enlevé le lobe entier"puis il m'informe sur les nodules:"Nous n'avons rien vu c'était trop écrasé".Du moins c'est que j'ai cru comprendre.Un regain d'espoir me parcourt les veines ."Vous pourrez sortir lundi"rajoute t-il avant de quitter la chambre .


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